Lotus Eater (Lucy & Rrose)
<span class="not-set">(non défini)</span>
Tout en superpositions harmoniques, tape echos, boucles de retours et drones rutilants, le son de Lotus Eater oscille entre le méditatif et le narcotique. Jouant avec la force évocatrice du nom du projet, nommé d'après une tribu rencontrée par l'équipage d'Ulysse au cours de l'Odyssée et dont le seul aliment est une délicieuse fleur engendrant l'oubli de tout passé et de tout futur, le projet joue sur la diffraction temporelle qu'affectionnent les deux artistes dans leur musique.
Lucy et Rrose nouent d'abord une relation épistolaire à travers la musique, remixant des morceaux pour leurs labels respectifs. Dès que l'occasion se présente enfin, Rrose rend visite à Lucy et le duo commence intuitivement à créer, engendrant assez d'enregistrements pertinents pour en faire un album.
Rrose façonne de riches agencements sonores industriels tout en interrogeant les expectatives de genre de la musique techno dans son approche de la performance. Alter-ego féminin du producteur Seth Horvitz, Rrose élabore peu sur ses intentions conceptuelles, préférant simplement suggérer un attachement créatif à Marcel Duchamp et à son personnage fictif Rrose Sélavy. Depuis l'apparition du projet en 2011 et au fil des différentes parutions, notamment sur Eaux, Horvitz se permet de nombreuses explorations, sachant faire dresser l'échine même au sein de longs segments ou la tourmente peut surgir sans être soutenue par rythme apparent, comme sur l'EP Beware of Shells.
Opérant sous le nom de Lucy, Luca Mortellaro façonne des morceaux profonds, physiques et entêtants. Son premier opus Wordplay For Working Bees et la série d'albums qui suivra capturent un élan vital combinant impacts physiques dans les basses et contours vaporeux dans les fréquences hautes. Ses dernières parutions, dont l'album de 2016 Self Mythology, le voient naviguer sur des courants plus techno, où les recoins sombres et les éclats lumineux inattendus n'hésitent pas à radicalement s’alterner. Parmi ses collaborations, on peut citer des travaux avec Speedy J, Xhin et Silent Servant, un EP alternant les couleurs ambient et l'efficacité club avec Ben Klock ainsi qu'un récent 12" de techno injonctive mais immersive enregistré avec Rødhåd. Combinant aisément l'analogique et le digital, l'abstrait et le dansant, Lucy a toujours su alterner le fonctionnalisme 4/4 et les explorations plus décousues et oniriques, présentes par exemple dans la réinterprétation en direct de la musique de Rossini qu'on l'invita à présenter en 2012 au Rossini Opera Festival de Pesaro.
Le festival est ravi d'accueillir Lotus Eater, duo empreint d'un épais voile de mystère bénéfique pour ses deux membres. Cette brume épaisse leur laisse la liberté de développer leurs incantations à leur rythme, entrainant le public sur des pistes nébuleuses pour mieux engendrer des coups de théâtre que personne ne pressentait. Soirée techno à éviter si vous craignez la magie noire.
Étiquettes
Stroboscopic Artefacts, Zehnin, Eaux, Further Records
Projets récents
The Lotus Eaters II (2018), Rrose : Beware of Shells (2018), Lucy : Tarkomania (2018)
Le plus
Mortellaro launched the Berlin-based Stroboscopic Artefacts label in 2009 and Rrose founded the Eaux label in 2012